story of a lifetimeit's all about me
ISTANBUL, ATATÜRK OLYMPIC STADIUM, MAY THE 25TH, 2005.
De la folie pure et simple. Aucun autre mot ne pourrait définir l'ambiance dans ce stade à ce moment précis. Certains pensent que 3.6 sur l'échelle de Richter c'est un tremblement de terre, et pourtant le stade olympique tremble bien que ça à cet instant même. Frénésie. Rêves. Bonheur. Voila c'est ça. C'est la simple définition du bonheur. Une vague rouge se démarque, bruyante. Dans l'ensemble de l'enceinte on peut entendre résonner le
You'll never walk alone. You'll never walk alone le grand, You'll never walk alone le beau, You'll never walk alone l'immortel. Le fameux, le majestueux, l'historique. Parmis ces milliers de gens, une jeune fille tout juste âgée de dix-sept ans. Sa peau est couverte de frissons, elle entonne à pleine voix l'hymne de son club, de son seul et unique amour. Oui, Iseult est une scouser pure et dure, une rebelle dans l'âme, qui refuse de se monter comme elle est réellement. Voilà pourquoi elle profite des stades pour se dévoiler, pour enfin se permettre d'être elle-même. La Iseult des stades n'est en rien comparable à la Iseult des villes, ce sont deux personnes totalement différentes. L'une est froide, peu intéressée, coureuse de jupons de toutes sortes, alors que l'autre est naturelle, extravertie, attachante et souriante. Le football la fait vivre, lui permet de se redécouvrir. Revenons à l'instant présent. Les yeux de la jeune fille se dirigent à nouveau vers le terrain, là où sa plus grande fierté vadrouille. Son regard se pose sur son héros, son homonyme. Jamie Carragher, un sourire énorme aux lèvres, se promène le long du terrain, 'la coupe aux grandes oreilles' entre les mains. Sans même qu'elle ne s'en rende compte, son sourire s'agrandit encore plus, instinctivement. Sa vision est brouillée par les larmes, son cœur bat à perdre haleine. Elle a de la peine à réaliser et pourtant ils l'ont fait. Ils sont champions d'Europe. Dans sa tête redéfilent des images que jamais ô grand jamais elle ne pourra effacer. Soudain, elle sent une pression sur sa main gauche. Elle se retourne et croise le regard de son meilleur ami qui, sans un mot, lui indique de le suivre. La sortie du stade est longue, la foule étant bien trop grande. Les rues d'Istanbul s'animent aux couleurs du club victorieux, aux couleurs du peuple scouse.
Passion rouge, amour blanc. Fierté red.SAN FRANCISCO, ISEULT'S FLAT, MAY THE 25TH, 2009.
Quatre ans très exactement. Mille quatre cent soixante-et-un jours. Comme chaque année à cette date précise, elle s'installe devant sa télévision, un certain dvd entre les mains. Un simple dvd gravé avec un titre soigneusement calligraphié sur la fourre. The miracle of Istanbul. Le miracle. Le si prestigieux miracle. Chaque année elle le regarde à nouveau, et à force, bien évidemment, elle le connait par cœur, c'est pourquoi plus elle le voit, plus elle commence à l’analyser. Aussi stupide et prétentieux que cela puisse paraître, plus elle le regarde et plus elle s'y retrouve. Comme si ce simple dvd résumait sa vie. Les quarante-cinq premières minutes sont dignes du cauchemar et donnent la chair de poule. Lors de ces quelques minutes, Iseult se rappelle son enfance. La pauvreté, l'amour non-présent de ses géniteurs, l'abandon, la fuite de ces derniers. De longues années dans les à traîner dans les rues à tout juste huit ans. Des souvenirs de choses qu'un enfant ne devrait pas être amené à voir. Puis arrive la seconde mi-temps. L'espoir renait.
Un but de la tête du Captain Fantastic. Une étincelle. Comme ce jour où, traînant sans but devant Anfield, un homme la remarque. Bien habillé, soigneusement coiffé, un sourire rassurant aux lèvres. Cette homme changea complètement sa vie. Kurt Derbyshire. Tout juste dans la trentaine. On entend souvent dire qu'une rencontre peut chambouler toute une vie. C'est bien le cas. Avec lui et l'aide sa sa famille, elle réapprit à se faire aimer. Elle reprit connaissance de ce qu'était la vie en communauté, le fait de dormir dans un lit chaque nuit, ne pas avoir peur de ne rien trouver à manger pour le lendemain. On lui apprit à vivre, on prit enfin la peine de l'éduquer. Elle apprit à exprimer ses pensées par écrit et c'est là que tout commença réellement.
Shoot à ras de terre. But de Šmicer. Alors que des frissons parcourent son corps au souvenir, elle se rappelle de son premier article. Un petit article de rien du tout dans le journal de l'entreprise de Kurt. Depuis qu'elle avait appris à se servir de l'écriture, elle n'avait pas arrêté de s'améliorer. Cependant, elle n'avait jamais eu de grandes opportunités, elle se contentait de son petit train de vie tranquille. Elle aimait écrire et elle ne sentait pas le besoin de plus, elle voulait tout simplement apprécier le fait d'aller travailler. Cependant..
Gerrard chute dans les seize mètres. Penalty. L'entreprise s'agrandit, de nombreux clients américains s'en offrent les services. Puis l'offre. Une de ces offres qui ne peut se refuser. Le départ pour l'American Dream.
Un shoot, Dida repousse. Tout part vitesse grand v. Avant même qu'elle n'ait le temps de s'en rendre compte, elle atterrit déjà à l'aéroport de San Francisco. Bonjour la Californie ! Cependant, elle retombe vite de son nuage. Les premiers temps sont durs. Elle ne connait personne, elle a du mal à se faire comprendre avec son accent, beaucoup de gens ne prennent même plus la peine d'essayer de comprendre ses attentions. Les revers de cet american dream dont tout le monde parle.
Puis la course la plus rapide que Xabi Alonso n'ait jamais faite. Et le goal. Mais elle ne laisse en rien tomber. Elle compte bien vivre de sa passion, l'écriture, le fait de partager avec les gens, puis, bien entendu, le sport. Elle se fait peu à peu une petite place dans le monde des médias de San Francisco. D'abord des petits journaux, puis le Graal. Cette proposition qu'on lui fait, pour son talent, pour sa beauté, pour ses connaissances. La voila présentatrice des infos sportives pour la chaîne de Frisco. L'argent coule à flot, elle a l'occasion de rencontrer les grandes stars du monde sportif. Bye bye les mauvais souvenirs de son enfance, la pauvreté semble être à des années lumières. Tout lui sourit.
Enfin.
Paradise, ISEULT'S FLAT, MAY THE 25TH, 2011..
Aujourd'hui, ça fait six ans. Deux mille cent nonante-et-un jours. Le calme, l'endroit est paisible. Plus de flashs, plus de projecteurs, plus de maquilleuses froides et jalouses. L'argent n'est de loin plus un problème. C'est pourquoi Iseult a décidé de quitter ce monde, faux et hypocrite. Elle est encore jeune, et elle a déjà beaucoup vécu, sauf peut-être une chose manque. L'amour ne fait pas parti de son vocabulaire. Aujourd'hui, elle passe ses jours dans la ville californienne entant que rédactrice d'un petit journal local. Tranquillement. Peut-être à Paradise trouvera-t-elle le point manquant à son histoire et celui capable d'animer ses jours?
L'avenir nous le dira.