Le grand amour, c'est de l'arnaque. Tu te doutais bien que ta femme ne ressemblerait pas à Cendrillon, qu'elle ne pouvait pas être une fée du logis et une blonde ultra canon en même temps. La gonzesse de tes rêves, tu l'avais noté d'un assez bien. Juste assez pour te satisfaire. Tu ne demandais pas grand-chose : qu'elle te fasse à bouffer, le ménage et un petit câlin chaud bouillant par-ci par là. Oui, pas grand-chose quoi. Tu as même imaginé la rencontre parfaite : Un bar, une fille, un sourire, un coup de coeur et deux ans plus tard la bague au doigt. Dans le pire des cas, tu te voyais bien finir ta vie avec un type rencontré par hasard. C'est vrai que tu rêvais d'avoir des enfants. Mais tant pis, si on n'a pas le choix. Tu espérais au moins qu'il ait un joli fessier.

Seulement voilà. Rien absolument rien ne c'est passé comme tu l'avais prévu. Tu n'as pas la jolie blonde à la cendrillon, tu n'as pas la rencontre de tes rêves, tu n'as même pas le type canon au joli fessier. Alors tu lèves tes yeux sur le visage d'une brune, banal, canon, tu ne sais pas trop. T'as le regard brillant, presque de la bave au coin des lèvres. Cette odeur, cette chaleur, cette foutue saveur que tu imagines d'avance exquise. Oui, tu veux son assiette. « Quoi ? J'suis pas ta boniche, si t'as faim mon coco va te préparer à bouffer tout seul. » Le grand amour, c'est vraiment de l'arnaque.

Cette gonzesse elle s'appelle Alice. Tu l'as rencontré à l'anniversaire de ton petit cousin, celui qui a tout juste 10 ans. Au début, quand tu l'as vu, tu t'étais posé deux trois questions. Il aime les femmes d'âge mure le petit Théo ? C'est qu'il est précoce le môme, un futur tombeur. Puis t'as vu le regard doux qu'elle portait à l'un des gamins et là t'as compris. Elle accompagne juste son petit frère. Alors t'as passé le reste de la soirée à la snober. Elle n'était pas ton genre et il y avait mieux, tellement mieux à ce moment-là. Comme Klente, ton meilleur pote. Vous aviez prévu de vous éclipser de cette soirée pour ado pré-pubère et d'aller en boite. Le plan était parfait. Sauf qu'en passant le pas de la porte elle a débarqué, elle et ses yeux de biches. Faut toujours se méfier des femmes. Tu ne l'as pas fait. Et tu ne le savais pas encore, mais t'allais en payer le prix. Elle a passé la soirée à draguer Klente, toi tu l'as passé à faire la gueule. On ne touche pas à ton pote, ça te foutais en rogne. Puis vous vous êtes éclipsé tous les trois dans la chambre de ton petit cousin. Vous avez choppé une bouteille en passant, celle que ton oncle cache derrière le buffet. La suite, c'est qu'un grand trou noir. Tu ne te souviens de rien, ni de la nuit que vous avez passée, ni du pourquoi tu t'es réveillé marié à cette vulgaire mégère.

Tu te lèves en marmonnant. Alors tu lui lâches tel un gamin boudeur, « Je te déteste » Et elle rigole cette foutue mégère tendis que tu fouilles le frigidaire. Heureusement, avec ton salaire de dessinateur vous pouvez vous permettre de vivre correctement. Parce que oui. Lorsqu'elle a comprit que vous étiez condamné à rester ensemble, elle a insisté pour venir squatter ton nid douillet. Elle est entrée soudainement dans ta vie et a foutue le bordel. Tu n'es même sur de pouvoir revenir à une vie normale lorsque tu seras enfin débarrassé d'elle. Tu soupires et attrape le reste d'une pizza que tu fous aux micro-ondes. Tu t'avachis contre le plan de travail et l'observe manger, silencieuse. Depuis que vous êtes mariés. Vous vous faites vivre un enfer. Pas de sexe, pas d'amour, pas de douceur. Votre histoire est fondée sur les coups bas. D'ailleurs, tu ricanes en repensant à la mauvaise blague que tu lui as fais hier soir. Elle a retrouvé tout ses sous-vêtement en bas de chez vous, dans la benne à ordure. Ça t'as bien fait marrer, pas elle. « T'as de la chance de m'avoir tu sais ? » Elle lève les yeux vers toi et hausse un sourcil, te traitant mentalement de crétin. « Sans cette malédiction, personne n'aurait voulu t'épouser. T'es insupportable, banal, sans charme. Personne ne veut de toi. Peux être même que tu l'as fais exprès de dire oui à l'autel. » Et là, tu ne vois rien venir. Ni la claque magistrale qu'elle t'assène, ni ses sanglots qui suivent presque immédiatement. Tu la fixes hébété. C'est fou, ce genre de truc, c'est pas la première fois que tu le lui dis. A vrai dire, tu lui répètes chaque jour qu'elle est la cause de ton malheur. Que c'est de sa faute si Klente n'aime plus venir chez toi. Généralement, elle te répond immédiatement, d'une réplique cinglante. Tu te grattes l'arrière du crâne, maladroit. Tu n'aimes pas cette Alice pleurnicheuse. Cela fait 6 mois que vous êtes mariés et tu t'es habitué à son caractère de feu, à sa fainéantise et son humour décadent. Alors tu te décides à faire ce que tu ne lui offres jamais. Tes bras se referment sur elle, tu la colles contre ton torse et lui souffle quelques douceurs au creux de l'oreille. C'est faux, elle n'est pas moche. C'est faux, elle a tout à tas de charmes et même si tu l'aimes pas, elle aurait très bien put se trouver un mari. « Je suis désolé d'être si chiante Harry. » Tu souris et la serre un peu plus contre toi...de toute façon, t'as pas le choix n'est-ce pas ? Jusqu'à ce que l'amour vous sépare.