« Bon...Bonjour,
je m'appelle Gabrièla-Linoï... Gabrièla-Linoï Middleton. Je suis née un beau samedi, le samedi 9 février 1991. Je dois vous avouer que je ne m'en souvenais pas, jusqu'à que l'on me le dise. En fait... j'ai eu un accident... ça non plus, je ne m'en souvenais pas, et je n'y arrive toujours pas. Je ne sais pas... je ne sais pas vraiment qui je suis. Du jour au lendemain, je me réveille dans un hôpital, seule, ne sachant pas ce que je fais là, ne sachant pas quel est ce monde, ce bruit et surtout ce crie de joie.


« Chéri, les enfants, venez vite, elle s'est réveillée, venez voir ! »

Je voyais à peine cette personne, qui était-elle ? Mes yeux voyaient flous, je les fermais et les ouvrais pour essayer d'améliorer ma vision, mais non, je voyais toujours aussi flou.

« Mais... mais, je suis où ? Et vous êtes qui vous ? »

Ma vision s'améliora d'un seul coup. Assise à ma gauche, il y avait une dame, une dame blonde au visage soulagé et pleins de remords. Puis, à côté d'elle, je pouvais apercevoir deux enfants, des jumeaux, et encore à côté d'eux, un homme, grand, dans les 1 mètre 80. Le visage de la dame se crispa, qu'avait-elle ? Et, ces gens, que faisaient-il là, et qui étaient-ils ?

« Sœurette, tu ne te souviens pas ? C'est moi Emrys, et là il y a Tom. Il y a maman, Justine, et papa, Logan. Ca ne te revient toujours pas ? »

Mais, qu'est ce qui devait me revenir ? Je ne comprenais pas... et pourtant, ces noms et ces visages ne m'étaient pas inconnus, ho ça non...

« Qu'est ce que je fais là ? Et vous êtes qui, vous pour moi ? »

J'étais prise de panique. Je regardai ma grande robe de Dame blanche, car à 15 ans, c'est-à-dire mon âge, dans les lycées, c'est comme cela que l'on disait, pas que nous n'étions pas mâture, non, juste que cela nous amusait. Il y avait à ma gauche, une table de nuit, avec dessus, un bouquet de roses et une photo de famille... Mais il y avait une personne sur cette photo... Moi ? Mais qu'est ce que je faisais là, sincèrement ? Ces roses, étaient mes fleurs préférées, comment avaient-ils su tout cela et cette photo, où ils y figuraient, quand avait-elle été prise ? Décidément, cette histoire n'était peut-être qu'un gag.

« Chéri, elle ne se souvient pas... »

La dame assise à mes côtés, se leva, se dirigea vers son mari et écroula en larmes. Décidément, je ne comprenais rien. J'ai 15 ans, je m'appelle Melany Megan Middleton, je suis au lycée, j'ai un petit ami, Mathieu, oui et alors ? Ca je m'en souviens très bien. J'ai deux petits frères tout petits tout mimis, des parents comme tout le monde, mais ces personnes alors...

« Au lieu de pleurer, expliquez moi, merde ! J'ai 15 ans, je m'appelle Gabrièla-Linoï Middleton, j'ai un petit ami, Mathieu, deux petits, tout petits frères et des parents ! Et là, je me retrouve dans un hôpital à chier, avec ces rideaux fermés, des gens qui pleurent sans que je sache pourquoi ! C'est bon, accouchez un peu là ! »

Sur le coup, le fait d'avoir dit ça, je me suis sentie juste dégueulasse. Comment j'avais osé agir de cette manière envers des gens que je connaissais pas, que je ne pouvais pas juger et qui pleuraient à chaque parole que je disais. J'espérais tout de même qu'ils ne réagiraient pas comment j'avais réagi et qu'ils comprendraient mes paroles et les excuseraient grâce à mon âge.
L'homme prit une voix douce et prit le temps de tout m'expliquer, dans les moindres détails.

« Nous sommes ta famille, tes parents... Cela fait 5 ans maintenant que tu étais dans le commas. D'ailleurs, aujourd'hui le jeudi 9 février, c'est ton anniversaire, et l'heure à laquelle tu as repris connaissance. Tu fêtes aujourd'hui tes 20 ans. Tes frères, ta mère et moi avons bien changé depuis ces 5 ans, chose normale. D'ailleurs toi aussi, nous sommes restés si longtemps à attendre que tu te réveilles, mais nous n'avons pas perdu espoir, même si les médecins, eux, l'avaient perdus. Je vais donc te raconter ton histoire. C'était un lundi 9 août, nous étions, ta mère et moi, sur la route pour te ramener à la maison. Tu avais fait ton spectacle de danse classique, et tu en étais très fière, d'ailleurs. Nous étions presque arrivés chez nous, nous parcourions un petit lac, lorsqu'une voiture nous percuta. Un gros camion, chargé de sable, nous fûmes expédiés dans l'eau, nous, tes parents, nous en sommes sortis... Mais toi... Toi, non, tu était dans un piteux état, tu as échappé à la mort. Nous avons passé ces 5 longues années, pleins de remord dans nos cœurs. Pourquoi c'était toi et pas nous ? Je t'avoue qu'il y a eu quelques moments douloureux pour nous deux et tes frères ou n'y avons plus crus. Tu avais été expédiée à l'hôpital en urgence, à peine si tu pouvais respirer. Il y avait une chance sur mille pour que tu te réveilles. C'est un miracle de la vie, et sache que nous avons prié dieu tous les jours, sans relâche. Et aujourd'hui, nous te retrouvons... Voilà tu sais tout... »

Les larmes me montèrent aux yeux, tout d'abord, c'était une histoire très touchante dont je faisais partie.... ces 5 années où ils ont temps prié pour moi, beaucoup de personnes auraient déjà abandonné... Ma mémoire revenait, voilà d'où je les connaissais. Comment les avais-je pu les oublier en si peu d'années alors qu'ils étaient la chose la plus chère à mes yeux y compris Mathieu, qui avait forcément une autre copine... et, et donc, aujourd'hui, j'avais 20 ans ? Je ne pus m'empêcher de pleurer en cœur avec mes parents, mes frères me suivirent. Je lâchai alors un petit

« Ca y est, ça me revient, comment ai-je pu oublier ? Je vous aime tellement... »

« Nous aussi on t'aime, tu ne sais pas à quel point... »

J'ouvris grand mes bras pour réclamer un câlin collectif, ils virent tous dans mes bras. Je n'étais pas fatiguée, je n'avais qu'une envie, me lever, danser et me regarder dans ce petit miroir qui se trouvait là-bas, accroché au mur d'un blanc qui en pétait les yeux. Après le petit câlin collectif, je tentai de sortir de mon lit, hélas, c'était impossible, je n'arrivai pas à bouger le bas de mon corps.

« Par contre, nous avons un problème... Mes jambes ? »

« Oui, en effet, tu vas devoir faire de la rééducation... Mais la marche, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas... »

Je lâchai un petit soupir et abandonnai l'idée de me regarder devant le miroir, j'avais le temps, quand je rentrerais à la maison de m'y voir. Je repensai alors à Mathieu, je voulais savoir s'il m'avait oublié et s'il avait refait sa vie avec quelqu'un d'autre. J'espérai alors qu'il ai pensé à moi, mais j'espérai aussi qu'il était passé à autre chose, qu'il ai trouvé une autre femme et qu'il ne se soit pas gâché la vie par ma faute. Je posai alors la question.

« Et... Mathieu, il a refait sa vie, je suppose ? »

« M..M...Malheureusement, oui, mais sache qu'il passe te voir tous les jours.. D'ailleurs, c'est lui qui t'a apportée ces roses fraîches, il savait que c'était tes préférées. »

J'étais assez déçue, mais de toute manière, il ne m'appartenait plus trop... Mais le fait qu'il ai pensé à moi tout au long de ces années, me remit un peu le sourire. Il y eut un petit silence, je répondis alors à ma mère.

« Ah, d'accord... Tant mieux... »

Je pouvais voir sur le visage de toute ma famille un petit sourire se dessiner. Mais pourquoi étais-je aussi mâture ? Ce genre de paroles ne me ressemblaient pas, je ne comprenais pas. De tout manière ça n'avait aucune importance. Je commençais une nouvelle vie.



J'ai alors fait de la rééducation pendant un bout de temps. Et vous savez quoi ? Je suis tombée amoureuse d'un certain Mathias, mon docteur... Celui qui m'a suivie tout au long de mon commas et qui m'a fait la rééducation. J'espère que notre relation s'améliorera. Pour l'instant, nous avons gardé contact. Je suis rentrée une semaine après mon réveil, les docteurs voulaient encore me surveiller un peu, au cas où, car on ne sait jamais trop ce qu'il peut se passer. Je revois Mathieu, avec sa magnifique petite amie et je l'ai remercié pour ne pas m'avoir abandonné lors de ces 5 ans. Je vis encore chez mes parents, le temps que je devienne un peu plus autonome dans la vie et pour que je puisse m'envoler le plus vite possible. »