story of a lifetimeit's all about me
On pourrait partir d’un certain point, commencer par raconter une histoire en commençant par son enfance c’est plutôt logique n’est-ce pas ? On pourrait également commencer par la rencontre de ses propres parents, pourquoi pas, mais quel est l’intérêt réellement ?
Karen Lucy Hawks-Johson, plutôt compliqué n’est-ce pas ? Deux prénoms, deux noms. Comme toute histoire, il y a un début. «
Karen Lucy ! Reviens ici ! » disait une femme âgée d’une trentaine d’années, courant après sa fille dans les couloirs de la grande demeure qu’ils avait acquise à force de travail et d’entêtement, sacrifiant leur propre vie privée. En effet, Tanya Hawks était une avocate qui gagnait plutôt bien sa ville, négligeant parfois sa vie de famille. Tanya était grande, plutôt jolie et avait de longs cheveux bruns qui lui retombaient le long du dos. «
Lucy, tu fais encore des tiennes ! » gronda une voix d’homme. Tom Johnson venait de rentrer du travail, il était un homme assez imposant, assez grand quoique fin, il ne donnait pas réellement envie de le défier, cet homme était médecin et pourtant bien des clients l’adoraient. Seulement lui aussi avait tendance à sacrifier son temps et leur jeune fille tout juste âgée d’une dizaine d’années souffraient de ces absences à répétition. Ceux deux personnes privilégiaient leur travail, se donnant satisfaction quant au travail financier qu’ils accomplissaient, à croire qu’avoir une famille était une chose tout simplement anodin. Lucy en souffrait, n’obéissait plus aux règles tentant de se faire remarquer de ses parents en vain.
Karen Lucy eut dix-sept ans, et déjà ses parents avaient planifié tout son avenir. La jeune femme n’avait que mot à dire si ce n’était d’hocher la tête à chacune des indications de ses parents. Ils comptaient sur elle pour avoir un brillant avenir, ramener une certaine somme chez elle tous les mois, qu’elle soit la fierté de ses parents, mais l’entendait-elle réellement comme cela ? «
Non. Elle sera avocate, c’est tout ce qui compte, la discussion est close, Tom. » En effet, l’avenir de Lucy était devenu un des sujets qui revenaient bien trop souvent sur table au goût de cette dernière. Un sujet qui finissait bien par de grandes disputes entre ses deux parents, que pouvait-elle bien faire ? Elle se taisait, écoutant et hochant la tête quand elle le devait, seulement une journée, Lucy ne pouvait plus le supporter. «
Je t’ai dit qu’elle sera médecin comme son père ! Pas vrai Lucy ? » Lucy ne se découragea pas, et se leva de table grommelant. «
Que fais-tu ? Qui t’a dit de te lever ! Karen Lucy ! » tonna la voix rauque de son père. La jeune fille s’enferma à double tour dans la chambre, montant le volume sonore de sa musique dans ses oreilles. Elle ne pleura pas, elle ne cria pas, ne fit rien attendant que l’orage passe. Elle se laissa à rêver à une autre vie, l’argent ne fait pas le bonheur c’était donc ce qu’on lui avait dit maintes et maintes fois à l’école et pourtant, ses parents étaient convaincus du contraire alors comment pouvait-elle aller à l’encontre de ce que ses parents pensaient ? «
Ouvre cette porte ! » ordonna la voix de son père. Elle fit comme si elle ne l’avait pas entendu, préférant rester concentrée sur la musique qui passait, une musique française dont elle tentait de comprendre le sens. «
Si tu n’ouvres pas cette porte, je te préviens que ça ira mal pour toi ! » lança-t-il tentant de faire réagir sa fille. Lucy ouvrit la porte enfin, d’un air détaché alors qu’elle éteignait son baladeur. «
Que t’a-t-il pris ? Je peux savoir ? » demanda-t-il d’un ton agressif. «
Vous avez déjà planifié ce que je dois faire plus tard comme vous planifiez vos rendez-vous pour le lendemain tous les deux ! Et si je ne voulais rien faire de tout ça, vous êtes-vous au moins déjà posé la question ? » répondit la jeune fille à l’intention de ses parents. Elle savait que les retombées seraient telles qu’elle ne pourrait avoir le dernier mot de cette conversation. «
Comment ? » lui répondit sa mère à son tour, d’un ton qui se voulait imposant et intimidant. «
Je suis bien trop nulle pour aligner deux arguments devant une cour, je suis bien trop nulle pour parler en public, de plus je suis nulle en médecine, je n’y comprends rien, je n’aime pas la vue du sang non plus alors à quoi bon s’entêter si je désire faire quelque chose d’autre de ma vie ! » Un long silence pesa dans la salle, l’ambiance devenait lourde, l’air étouffant, jamais Lucy n’avait ressenti ça, elle se sentait pour la première fois de sa vie libre, libérée de quelque chose dont elle ne pouvait mettre de mot dessus. «
Dans ce cas, tu n’as plus rien à faire ici. » Ces quelques mots que prononça son propre père, ces quelques mots qui avaient tout leur sens. C’était injuste. C’est ainsi que Karen Lucy se retrouva sans logement et passa près de deux ans dans la rue. Elle apprit à vivre, se nourrissant tant elle le pouvait, dormant dans une couverture qu’elle avait achetée avec le peu d’argent qui lui restait. Les soirs d’hiver, elle avait appris à allumer un léger feu pour se réchauffer alors qu’elle se blottissait dans sa couverture. C’est alors qu’elle eut vingt-deux ans, entamant ses études de journalisme et habitant chez une amie. Cette dernière dut partir pour la France et très vite, Lucy se retrouva une nouvelle fois à la rue, elle ne se plaignait plus, ne parlait que très peu, et s’était très vite renfermée sur elle-même. Un jour, elle rencontra un homme, lui aussi dans la rue, ils parlèrent, se confièrent et plus le temps passait et plus elle se sentait proche de cet homme. Elle avait l’impression qu’il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert, elle avait l’impression qu’il était le seul à pouvoir la comprendre, enfin après toutes ces années de solitude. Seulement, elle n’avait pas pris en compte que ce garçon-là, avait pour habitude de prendre quelques substances illicites afin de rendre mon difficile la perspective de la solitude. Karen Lucy refusa toujours de se retrouver mêler à ce genre de choses, et pourtant une part d’elle aurait voulu se laisser aller, mais elle nia toute tentative, espérant qu’un jour Blake arrête son activité. Un jour une violente dispute éclata entre les deux jeunes gens, Lucy ne le revit plus jamais, alors qu’elle trouvait enfin un petit travail de serveuse et avait de quoi se payer un loyer désormais. Tout cela s’arrangeait. Deux ans passèrent et elle n’eut toujours pas de nouvelle du jeune homme avec lequel elle avait tant sympathisé. Son cœur se serrait à chaque pensée qu’elle dirigeait vers ce dernier, espérant secrètement qu’un jour il rentrerait dans ce restaurant et franchissant le pas de la porte, il se jetterait dans ses bras. Non, il fallait rester les pieds sur terre. Et pourtant, oui, c’était ce qui se passa un beau jour à Paradise. Alors qu’elle travaillait, elle vit le fameux Blake richement habillé. Il était rasé, bien coiffé, qui l’aurait cru ? Même elle se demandait s’il s’agissait toujours du même Blake. Il s’approcha d’elle, sans un sourire, et commanda à une table. «
Je vois que tu as trouvé un boulot, tu aurais quand même pu trouver mieux… » lui fit-elle en regardant le maigre tablier qui lui recouvrait les cuisses jusqu’aux genoux. «
Je fais avec ce que je peux ! » se défendit-elle tout en le jaugeant également. «
Mais je vois que tu t’en es bien sorti ! » Il sourit, regardant son portable posé sur la table. «
J’ai réussi enfin mes études de droit, j’ai un appart’, je vis seul, bref la belle vie. » se vanta-t-il. «
Et toi, toujours à la rue ? » Elle avait du mal à y croire il était si cru désormais avec elle, que pouvait-elle lui dire à part la stricte et triste vérité. «
J’ai un appartement. » lâcha-t-elle simplement, pensant au petit loyer qu’elle peinait à payer avec le maigre salaire qu’elle recevait chaque mois. Il soupira, balançant sa tête d’un air faussement désolé. Il finit alors par se lever, posant un papier sur la table. «
T’auras qu’à passer à la maison, voir si ça te convient. » lui fit-elle alors qu’elle restait incrédule. Elle n’eut pas le temps de lui dire un mot qu’il partit, la laissant ainsi. Que sous-entendait-il en lui disant de venir le voir pour voir si ça lui convenait, lui proposait-il un logement ? Elle n’en avait aucune idée mais ne tarderait sans doute pas à le savoir.