10 Septembre 2011

« Tu sais, il y a toujours eut un juste milieu, mais j’ai oublié de le trouver, j’ai fait fausse route, trop longtemps, j’ai erré sans but, j’ai cherché à bien faire et évidemment, j’ai tout foiré. Tu me diras, je foire toujours tout hein ? Tu dois bien te marrer là, à penser ça, je comprends, t’as raison, je suis une incapable qui déçoit toujours tout le monde. Papa et maman avait raison, t’es la seule chose qui rend fier cette famille de bourge avec un balai dans le derrière. Mais je m’en fou, je te laisse là place, je me suis trop battu pour l’avoir et voilà ou j’en suis : j’ai tout perdu, je faisais des appels, de longs SOS pour qu’on me remarque et j’ai oublié de penser à toi. Je t’ai oublié, voilà. Et je suis désolée. Même si c’est trop tard. Il faut quand même que tu le saches, je t’aime et t’es la seule personne qui valait le coup que je revienne dans cette ville pourrie. Je ne t’oublierais pas, je t’oublierais plus. Plus jamais. » Fixant la pierre dallé posté devant moi, je parcourais du regard les mots qui étaient durement inscrit comme la fin cruel d’une existence trop courte : « Mathis Keenan Beckinson. 1983 – 2011. Fils, frère et ami bien aimé. » Et évidemment, je me posais la question, comme tant d’autres, pourquoi lui ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi pas moi, tient ? Il avait tout, une petite amie enceinte, un boulot qu’il adorait, sa famille qui l’aimait, même moi, je l’aimais, c’était mon frère et Dieu sait pourtant combien j’ai crier que je le haïssais. Et il n’est plus là, comme envolé, disparu, furtive illusion de bonheur. Moi, je n’avais rien, pas d’attache affective, pas de boulot, plus de famille, je donnais aux gens le loisir de me haïr de tout leur être comme si j’en éprouvais le bien être, juste pour me donner le plaisir de dire que j’arrivais à faire quelque chose de ma vie : être exécrable, j’y arrivais super bien, oui. Je ne le voulais pas toujours, mais, c’était plus fort que moi. C’est plus simple d’être détesté que d’être aimé, au moins, vous n’avez pas à vous demander si vous décevez les gens qui vous aiment. Moins de contrainte. Plus de solitude aussi. Pourtant, d’une certaine façon, ça rendait les choses meilleures. Oui mais voilà, je voulais être aimé, je voulais aimer. Pathétique. J’étais terriblement pathétique.

1er Novembre 2011

J’ai regardé Mulan aujourd’hui … vous avez, le dessin animée ? Je l’aime bien Mulan … d’ailleurs, à un moment, vers la fin du film, elle court en se disant à elle-même « sauve-toi du toit, sauve-toi du toit. » Et comme par hasard, elle saute avant que tout explose. Moi, j’ai oublié de sauter, j’ai exploser avec tout le reste. Je fais le point, j’ai raté ma vie. Vingt-cinq ans gâché misérablement, il n’y a jamais rien eut à raconter sur moi. Certains peuvent en faire des pages et des pages, ils peuvent y passer des années, ne jamais s’arrêter, toujours trouver quelque chose à dire. Moi pas. Je suis une adepte du « je parle peux, je t’écoute pas et ça s’arrête là », je fuis les problèmes, je fuis l’affectif, je fuis l’amour, je fuis ceux qui m’aime. C’est ça, je suis la fille qui court à l’opposé. La seule chose que j’aime finalement, c’est l’adrénaline, faire des conneries pour te sentir planer avec ça. Il n’y a jamais eut rien de mieux. Je suis né à Paradise, j’ai trop vécu à Paradise, ma mère ne m’aime pas, mon père non plus. Tant mieux, je les hais aussi. Mon frère m’aimait mais il est mort et la dernière chose que je lui aie dit de son vivant c’était qu’il pouvait mourir manger par des souris dans un caveau humide et puant que j’en aurais rien a foutre, il devait me haïr finalement. Je suis partit, un peu partout, vous m’avez peut-être vu, ici et là, New York, Boston, au Brésil ou en Argentine, j’ai fait un tour à Paris une fois, rien de bien intéressant. Mais je suis revenu, à croire que cette ville me tient à cœur finalement. Même si je ne peux pas le dire. Ou alors, je suis revenu pour mon frère, pour son enterrement, pourtant je n’y suis pas allé, il y aurait eut mes parents. J’ai fuis. Encore. Je parle beaucoup, jamais devant les autres pourtant, toujours seule, je me noie dans mes pensées parce que je ne les partage pas. Je suis l’âme torturé qui se cache devant son physique sympathique. En fait, je suis la pauvre fille qui n’a jamais rien fait de sa vie et qui fait comme si ça l’indifférait alors que ça la bouffe. J’aurais voulu faire quelque chose, j’en ai jamais eut le courage. Je suis une feignante qui prend la fuite. Mais si vous me le demandez, je vais bien et surtout, surtout, je suis fière de ma vie. On va dire ça. Je ne sais pas très bien mentir par contre, ça c’est le coup dur. On voit dans mes yeux si je mens ou non, paraît-il, alors je baisse souvent les yeux pour cacher mes mensonges et mes sentiments. Encore une fois je suis lâche. Je suis à Paradise mais aucun amis et aucune personnes de ma famille ne le sait, je n’ai prévenu personne. J’ai passé cinq ans, - depuis mes vingt ans- sur la route, à ne pas m’attacher, à avancer tranquillement seule et à trouver ça cool. J’en ai marre, affreusement marre et comme toujours, je le cache. Mais ils ont raison, ma vie commence maintenant, je vais bouger mon arrière train de blondinette au sourire d’ange, je vaux mieux, enfin je crois, j’espère surtout. Je vais sauter avant que ça explose cette fois-ci et je vais recevoir les honneurs. C’est ma promesse.